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Le recours à la force armée contre le territoire du Qatar constitue, sans conteste, une violation grave des principes cardinaux du droit international. Au-delà de ses conséquences immédiates sur le plan humanitaire et sécuritaire, cet acte d’agression soulève des interrogations fondamentales quant à la survie même de l’ordre juridique international bâti depuis 1945 autour de la Charte des Nations Unies.


L’article 2, paragraphe 4, de ladite Charte impose à tous les États membres de s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État. Or, en l’absence de mandat explicite du Conseil de sécurité ou d’une situation de légitime défense au sens strict de l’article 51, le bombardement du Qatar ne saurait trouver aucune justification juridique valable.


La jurisprudence internationale est constante sur ce point. Dans l’affaire Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. États-Unis d’Amérique) (CIJ, 1986), la Cour internationale de Justice a rappelé que le principe de non-recours à la force constitue une norme impérative (jus cogens), dont la violation engage la responsabilité internationale de l’État auteur. De même, dans l’affaire Activités armées sur le territoire du Congo (RDC c. Ouganda) (CIJ, 2005), la Cour a affirmé que l’intervention armée sur le territoire d’un État souverain, sans son consentement et en dehors des exceptions prévues par la Charte, est illicite et génératrice d’obligations de réparation.


En bombardant le Qatar, l’État agresseur viole non seulement la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce pays, mais il bafoue également les règles impératives relatives à la protection des populations civiles. Le droit international humanitaire, tel qu’énoncé dans les Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles additionnels, prohibe en effet toute attaque indiscriminée ou dirigée contre des infrastructures civiles. Le ciblage de telles installations, qu’il soit direct ou collatéral, traduit un mépris flagrant de la distinction entre combattants et non-combattants, pilier du droit des conflits armés.


L’impact de cette violation dépasse largement les frontières qataries. Le Golfe, espace déjà marqué par une instabilité chronique, risque de devenir l’épicentre d’un conflit régional aux répercussions économiques et stratégiques planétaires. La sécurité énergétique, la liberté de navigation et la paix internationale sont autant d’intérêts menacés par cette escalade militaire.


La communauté internationale, dès lors, se trouve face à un choix historique. Soit elle réagit avec fermeté en condamnant l’agression et en recourant aux instruments du règlement pacifique des différends – médiation, saisine de la Cour internationale de Justice, voire sanctions collectives du Conseil de sécurité – ; soit elle se rend complice, par son silence, d’une dangereuse érosion du droit international. L’affaire du Nicaragua a montré qu’une condamnation claire et une affirmation des principes juridiques demeurent essentielles pour préserver la crédibilité du système multilatéral.


En conclusion, le bombardement du Qatar ne saurait être appréhendé comme une simple crise régionale. Il constitue un test grandeur nature de la résilience de l’ordre juridique international. Si ce dernier échoue à réagir, l’édifice patiemment construit depuis la Seconde Guerre mondiale risque de s’effondrer, ouvrant la voie à un monde où la loi du plus fort supplanterait définitivement la primauté du droit.